Pour Jérôme Carbonnelle, Partner chez GOTOfreedom, en matière de gestion de carrière, le Luxembourg n’a rien à envier aux grandes métropoles et places financières, au contraire, on y évolue bien plus vite.
Certains disent que le Luxembourg est trop petit. Qu’en pensez-vous ?
Non, au contraire. C’est même un atout. Le Luxembourg est tellement petit que forcément tout le monde a des contacts avec l’étranger. En commençant sa carrière au Luxembourg, on gagne une maturité extraordinaire. 3 ans d’expérience ici équivalent à 5 ou 8 ans dans une autre capitale européenne. C’est une vraie valeur pour qui ne veut pas rentrer dans une case ou attendre en bas de l’échelle qu’un échelon se libère pour pouvoir le gravir.
Que répondez-vous à ceux qui trouvent le Luxembourg trop calme ?
Je leur réponds que nous sommes à deux heures de Paris, Londres, Francfort et Genève. Que nous avons une population qui est plus jeune que dans les pays environnants et un énorme afflux de gens qui ne viennent pas de la région. Ces deux facteurs combinés font que du mercredi au samedi la ville est animée et cela rayonne dans toute la région. Le Luxembourg possède aussi une offre culturelle importante : on y trouve la Philharmonie dessinée par Pei, la plupart des stars internationales commencent leur tournée européenne à Luxembourg, …
Le Luxembourg a d’autres atouts. Il dispose d’infrastructures bien développées. Notre aéroport du Findel n’est pas Heathrow mais il dessert les mêmes destinations. Ici, toutes les communautés se mélangent et ça crée une effervescence. Sans compter qu’il y a un dynamisme économique incroyable ! Nous avons eu à peu près 20 ans de croissance à un taux annuel de 5%. Je n’appelle pas ça calme.
Vous comparez souvent le Luxembourg à une entreprise. Que voulez-vous dire par là ?
La stratégie de développement du pays fonctionne. Sur ces 20 dernières années, la population est passée de 440 000 à 653 000 habitants. Je ne connais pas beaucoup de pays en Europe qui vivent ça. Sur cette même période, on a vu Luxembourg faire évoluer sa stratégie de développement plusieurs fois. Un exemple dans le monde de l’investissement : Luxembourg comptait 5 Management Companies il y a 15 ans, aujourd’hui elles sont plus de 250. La plupart font partie de grands groupes internationaux qui se sont implantés ici, car Luxembourg est devenu un label mondial dans cette industrie. Leur présence favorise l’innovation et l’apparition de sous-secteurs d’activité. Bref cette dynamique entraîne un ruissellement accéléré tant pour le pays, que pour les entreprises et les gens qui y travaillent.
Pourtant, ici les grandes entreprises internationales ont la taille de PME…
Beaucoup de filiales de grands groupes ont vu le jour au cours de ces 15 dernières années. Ce sont les employés qui les ont développées et qui ont pris la responsabilité des opérations. Vous comprendrez que ce genre d’expérience est unique au monde. C’est ce qui fait que leur carrière est accélérée alors qu’ils auraient probablement été noyés dans la masse s’ils avaient été ailleurs.
La taille des entreprises accélère donc l’accès aux responsabilités…
Oui, c’est ça. La taille limitée des équipes permet d’accéder rapidement aux responsabilités à un échelon local. Les travailleurs luxembourgeois sont par ailleurs continuellement en relation avec leur alter ego à un niveau international dans des structures bien plus importantes. La seule différence, c’est que leurs homologues étrangers ont mis bien plus longtemps à atteindre ce niveau de carrière.
Je comprends que l’employabilité s’acquiert plus rapidement mais qu’en est-il du réseau ?
La taille du pays facilite le réseautage. Premièrement, c’est plus simple d’être en contact avec des gens influents et inspirants. Deuxièmement, on a accès à un réseau international grâce à nos contacts locaux et aux interconnexions que nous entretenons avec l’étranger. Je pense à l’un de mes amis partis à Milan, ça a été facile pour lui d’activer son réseau une fois sur place. Celui qui a travaillé à Luxembourg possède des connexions de qualité dans différents pays tant au niveau personnel que professionnel.
Malgré tous ses atouts, pourquoi le Luxembourg est-il touché par la pénurie de main-d’œuvre ?
Parce que c’est une réalité à l’échelle mondiale. C’est vrai que Luxembourg est petit, mais tout ce qui a été dit concernant l’accélérateur de carrière plaide en sa faveur. Encore faut-il être en mesure de le faire savoir. Nous avons, certes, encore du chemin à faire mais nous avons néanmoins une série de champions. Je pense à côtés des usual suspects, a des biotechs, des fintechs, des b-corp, des entreprises de production audiovisuelle, de digital branding … et nous sommes même l’épicentre européen des nouveaux outils de paiement.
Qui plus est, s’intégrer au Luxembourg est relativement facile. Notre dernière recrue vient d’Italie, elle a emménagé il y a 2 mois et elle connaît déjà toutes les soirées, tous les événements et beaucoup de jeunes actifs.
Le salaire luxembourgeois est-il toujours un atout pour recruter ?
Pour être honnête, les écarts salariaux avec les pays limitrophes se sont amoindris, notamment en ce qui concerne les positions plutôt juniors. Mais on prend clairement l’avantage en ce qui concerne le middle management qui, ici, s’atteint rapidement. Quand on parle avec des recruteurs d’agences internationales basées à l’étranger, c’est plutôt rare qu’ils travaillent sur un mandat au-delà de 100 000 euros annuels. Chez GOTOfreedom, c’est habituel.
Est-ce que ces hauts niveaux de salaires ont un impact sur votre manière de recruter ?
Évidemment. Un recruteur qu’il soit interne ou externe est amené à s’entretenir et à négocier avec des personnes qui ont un bagage, une expertise et un certain niveau d’exigence. Il se doit aussi d’être force de conseil en matière de gestion de carrière. Cela nécessite entre autres de bien connaître les organisations, les métiers et la manière dont ces candidats peuvent créer une réelle valeur ajoutée. C’est pour cela qu’une partie de notre équipe vient du business et c’est également mon cas. Chez GOTOfreedom nous plongeons nos jeunes consultants directement au cœur de l’action. Nous refusons de leur faire perdre du temps. Nous les avons choisis et nous nous engageons à les faire évoluer. Débuter sa carrière chez nous, c’est aussi un accélérateur de carrière. Quand on regarde le parcours des ex GOTOfreeders on ne peut qu’admirer leur chemin.
GOTOfreedom
Jérôme Carbonnelle
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Crédit Photo : Éric Devillet